Je suis partie vers le chemin de douanier. Sur cette côte sauvage de Bretagne où le printemps a fait fleurir la bruyère. C'est là que je fais ce vide salutaire qui soigne mes plaies. Sur le plus haut de la falaise, je m'assois adossée à cette grosse pierre, face à l'océan.
Et je me souviens, une autre plage, un jour de tempête, un inconnu que j'avais revu et aimé. Pas de promesse, mais un aprés-midi de bonheur pour le corps et le coeur. Pas de promesse.
Et puis nous sommes repartis vers nos vies... Plus vraiment de nouvelles, juste un petit commentaire de temps en temps sur mon blog que je ne sais comment interpréter. Pas comme ceux de mon ami "Blue Eyes", et toujours signé x. Je ferme les yeux et je me souviens. Lui et moi dans cette ferme-hôtel où nous avons passer l'aprés-midi...J'aurai pu croire en l'amour.
Le soleil de nouveau est caché. Les nuages de fin d'après-midi, ont peut-être un peu d'avance. J'ouvre les yeux et je murmure... "Jordan". Devant le soleil, je ne distingue pas son visage, mais il est bien là: "Bonjour, Mélodie". Beaucoup de questions se bousculent dans ma tête, Mais aucun son ne franchit mes lèvres. Il me regarde et dit: "je suis jaloux". Je ne comprends pas, et il se tourne légèrement et me montre l'océan. "ton dernier amant?". J'acquiesce, en ajoutant, "ce n'est pas pour aujourd'hui".
Il s'est agenouillé près de moi, son visage tout près. J'avais l'impression d'être un papillon épinglé. Il a scruté mon visage et y a vu toutes les tristesses, toutes les douleurs. Il a touché une larme qui perlait au coin de mes yeux: "pour ou à cause de moi?". J'ai voulu dire non. il a posé son doigt sur mes lèvres comme pour m'empêcher de dire un mensonge. Il a dit: "je sais". Mon air interrogateur l'a fait presque sourire: "ton blog est triste". Il a déposé un baiser sur mes lèvres et m'a serré fort contre lui. Les larmes coulaient sur mes joues. Et il a parlé de tout ce qu'il avait fait depuis que nous nous étions quittés sur le quai de la gare. Ce qu'il avait fait pour nous, pour qu'il n'y ait plus de séparation.
Puis il s'est écarté pour me regarder droits dans les yeux, je me suis levée en même temps. Mes mains se sont posées sur ses épaules, puis sur sa nuque, debout sur la pointe des pieds, j'ai approché mes lèvres des siennes. Il m'a embrassé presque désespérément, comme si c'était la dernière fois. Chaque souffle disait "je t'aime" et le vent du large accompagnait nos soupirs.