Le renard écrit à Jean de la Fontaine
Monsieur,
Cela fait un peu plus d’une année, que je ne vous ai écrit pour conter mes aventures. Votre dernière publication m’avait bien contrarié, moi qui espérais en être le héros, je ne me reconnaissais pas dans votre fable. J’espère que cette fois-ci vous me ferez une fin honorable.
Alors voila !
Il y a quelques temps delà, je vagabondais dans la forêt du Roi pour me trouver quelque nourriture, l’estomac dans les talons, quand je fus attiré par une odeur un peu bizarre mais au combien aguicheuse pour mes papilles. Je trottais silencieusement, tout au moins mes pattes ne faisaient pas de bruit, mais mon estomac vide se manifestait par un concerto de gargouillis allant crescendo.
Enfin, je découvris l’origine de l’odeur en levant la tête. Je bavais de faim et d’espoir. Mais, oh ! Malheur ! Mon festin se trouvait sur une branche d’arbre que je ne pouvais atteindre, n’étant pas félin. Je bavais, l’odeur ! Que dis-je le parfum taquinait mon nez que vous savez ô combien sensible. Mes moustaches se dressaient, je frémissais. Je tournais autour de l’arbre, cherchant désespérément comment m’élever en altitude. L’estomac tourmenté se tordait d’envie, une vraie torture. J’étais à l’agonie ! Ma langue pendait tragiquement. Je me couchais entre deux grosses racines, la tête levée vers les branchages, bavant de faim et de frustration. Ma tête me semblait plus lourde et mon cou endolori de se tendre vers les frondaisons. Je secouais la tête ankylosée pour assouplir les muscles de mon cou tétanisés. Un rayon de soleil m’apporta un peu de chaleur et me donner un peu de confort. Je commençais à m’assoupir quand un claquement d’ailes et grand croassement me firent sursauter.
Maître corbeau venait de se poser auprès de mon rêve de festin. J’essayais d’attirer son attention en l’interpelant. Il pencha sa tête et me regarda de son œil noir, un long croassement et ma déception fut grande quand je vis l’objet de ma convoitise s’envoler dans le bec du coquin.
Je posais ma tête sur le sol et m’endormit. Ne dit-on pas qu’une bonne nuit de sommeil vaut un bon repas…
Vous voyez, Monsieur, que cette aventure n’a pas été très heureuse pour moi. Vous saurez, j’en suis certain, en faire une bonne leçon.
Mais je vous en prie, si pour une fois vous pouviez faire en sorte que je ne sois pas un héros malheureux, ce serait me faire un grand honneur.
Je suis, Monsieur, votre humble serviteur…
Réponse de Jean de la Fontaine au renard
Mon cher Maître,
J’ai bien reçu votre missive qui m’a rassuré sur votre santé, car bien que je vous aie maltraité dans mes précédents écrits, je vous apprécie beaucoup et j’ai beaucoup d’amitié à votre égard.
C’est avec plaisir que j’utiliserai votre aventure et que je mettrai en scène votre ruse et votre charme.
Et même si ce jour-là, vous n’avez pas dîné, je vous promets que ce que vous lirez, vous vengera. Je ne vous conterai pas ici l’histoire, mais connaissant votre impatience, c’est avec un certain amusement que je vous laisserai attendre la parution de cette fable.
Dans d’autre textes vous retrouverez certaines de vos rencontres qui à leur tour descendront de leur piédestal de héros.
Mon cher Maître, je vous souhaite le bonjour et bonne chance pour de nouvelles aventures.
Votre ami …