5h du matin ! Paris s’éveille ! Peut-être … je suis loin de la capitale. Il fait grand jour et dans le jardin, les oiseaux s’en donnent à cœur joie.
Doucement je me glisse hors du lit. Au travers des volets le jour nimbe la chambre d’une lumière ombrée, comme un cocon. Tu dors profondément, emmêlé dans les draps froissés. Une jambe reposant par-dessus la couverture. Comme à mon habitude j’ai occupé le milieu du lit, et toi tu es tout contre le bord. Reposé, ton visage semble dix ans de moins. La tentation est forte de me coucher contre toi et de te réveiller en douceur… Il très tôt, je vais te laisser te reposer.
Dans le salon, j’ouvre tous les volets. Au delà du jardin, un peut en contre bas, la mer m’apparaît, vêtue de sa parure bleu-vert, légèrement ondulée, reposante en ce matin d’été.
La cafetière émet quelques crachouillis et sonne. Ma tasse à la main, je vais m’installer sur la terrasse.
Dans une vieille auge, l’orage de la nuit a fait une piscine pour les oiseaux. Dans un joyeux tintamarre une famille de moineaux s’y ébroue. Un bouvreuil et un couple de mésanges s’approchent timidement. Je reste immobile pour ne pas les déranger. Au font du jardin madame pie picore les vers de terre attardés. L’air est doux, comme une caresse. Je rêvasse, laissant ainsi couler le temps comme du sable fin entre mes doigts.
Le café est tiède. Je pose la tasse au pied de la chaise longue.
Entre les branches du rosier une araignée tisse sa toile. L’orage de la nuit a détruit l’ouvrage de la veille. A partir de quelques vestiges, l’araignée tisse. Ses pattes s’agitent, tricotent les fils qui s’étirent et se tendent. Curieuse, j’observe et j’essaie de deviner où elle va installer le piège mortel.
Enfin, tel un ingénieur, consciencieusement, les cercles concentriques se dessinent. Quelques reprises par ci, par là et l’araignée se cache derrière une feuille attendant le festin.
La pie s’envole avec un cri strident. Je regarde vers le fond du jardin, pourquoi cet envol un peu effrayé. Sous le framboisier, tapie, à l’affût, notre chatte Mimine guète les oiseaux qui prennent leur bain. L’herbe est un peu haute… il faudra tondre … Les oreilles dressées, elle avance de quelques pas en rampant, s’arrête de nouveau et reste immobile encore un bon moment. Je sais que ce n’est pas encore le moment où elle s’élancera. C’est au niveau du laurier rose, seulement qu’elle pensera être assez proche pour tenter sa chance. Encore quelques pas. Elle y est. Elle prend son temps. Le bout de sa queue remue doucement. Il s’arrête et c’est d‘un bond, un élan, un sprint … elle saute … plouf ! les oiseaux se sont envolés d’un seul corps, dans un piaillement affolé. Et la chatte est tombée de ses quatre pattes dans l’auge. Je ris… Aussi vite entrée, aussi vite sortie ! Elle semble vexée et s’ébroue de tous ses poils. Je vais chercher une serviette parfumée à la menthe. Je la pose sur mes genoux, je souris en appelant Mimine, qui sans rancune saute sur la serviette et se met à ronronner. Quand je l’essuie doucement.
« Pourquoi, as-tu ri ? ». De douces lèvres se posent au creux de mon cou. « Bonjour, toi. »