En ce dimanche d’octobre, toute la famille s’était évadée dans le parc du château à la lisière de la forêt. C’était l’été indien comme rarement on ne l’avait vu.
Devant les enfants avançaient doucement. Les plus petits sur leurs vélos pédalaient de leurs courtes jambes, bien installés sur leurs stabilisateurs. Leurs cris brisant le silence et les parents souriaient au spectacle de leur joie de vivre.
La chaleur de l’automne couvrait la forêt et le soleil bas donnait aux feuilles des teintes dorées.
Un peu en arrière du petit groupe, papy et ses fils discutaient entre hommes sur les dernières actualités politiques faisant des prévisions pour les prochaines élections.
Dans le lointain, des corbeaux gémissaient des plaintes étouffées interrompant les conversations tranquilles des adultes.
Arrivés en bordure de la forêt les petits s’arrêtèrent, attendant le reste de la famille. Un très grand calme coulait autour des arbres dans les sentiers mal dessinés. Papa nous fit signe de prendre le chemin le plus large pour que les petits pissent continuer la promenade sur leurs vélos.
Ma cousine et moi leur emboitèrent le pas et continuèrent notre conversation chuchotée entrecoupée d’éclat de rire d’adolescentes. Tandis que mes cousins s’élançaient avec des cris de sioux au travers des grandes herbes sur les sentiers mal dessinés. Papa leur cria de ne pas s’éloigner.
Mamy et ses deux belles-filles, à quelques pas derrière nous, parlaient de la dernière épidémie de varicelle qui nous avait, ma cousine et moi, rendues si malades. A quinze ans, attraper la varicelle ! Ça ne s’était jamais vu dans la famille ! Même grandma en avait fait la remarque.
Un peu à l’écart de l'allée, quelques craquements, une branche sèche tombait ça et là, ou une feuille.
C’était bien l’automne, malgré la douceur de l’air. Les feuilles changeaient leurs couleurs et quelques oiseaux envolés les détachaient.
Ma petite sœur descendit de vélo et ramassa quelques feuilles rouges et or pour en composer trois jolis bouquets : un pour mamy, un pour maman et l’autre pour tante Paulette. Le petit cousin fit remarquer, singeant ainsi son frère, que c’était des jeux de filles et continua de pédaler appuyant vivement sur les pédales et imitant le moteur d’une moto.
Mes cousins revenaient de leur escapade dans le sous-bois, les bras chargés de feuilles qu’ils déversèrent en riant sur ma cousine et moi. Les hommes rirent de la plaisanterie, quelques souvenirs d’enfance leur revenant à la mémoire, tandis que maman et tante Paulette protestaient doucement.
L’après-midi s’étirait en même temps que l’ombre des arbres à demi-dévêtus. Bientôt, il faudrait rentrer et autour de la grande table de la salle à manger nous dégusterons les bonnes crêpes que mamy nous fera, accompagnées de confitures de fraises du jardin et de jus de pomme.
L’exercice consistait à utiliser le texte de Pierre Gamarra extrait des Coqs de minuit :
« La chaleur d’automne couvrait la forêt. Les feuillages tremblaient à peine. Des corbeaux gémissaient des plaintes étouffées dans le lointain. Un très grand calme coulait autour des arbres, dans les sentiers mal dessinés. Une branche sèche tombait ça et là, ou une feuille. Un oiseau envolé l’avait détachée. »